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Je fais patienter François Roques quelques heures, et le samedi 13 novembre à 10 heures du matin, Max lui apporte directement la réponse, à son domicile, rue de la Pompe. À 11 heures le haut fonctionnaire est à la réception. Moins de 5 minutes plus tard, il est dans ma suite.
L'homme, une quarantaine d'années, le mètre 75, svelte, pas mal fait de sa personne, brun, petite moustache, chapeau melon, habillé sobrement d'un costume trois pièces, le haut fonctionnaire semble très déterminé !
– Bonjour Monsieur Roques, asseyez-vous, SVP, vous prendrez bien une coupe de champagne !
– Bonjour Général de Lombre, merci, avec plaisir !
Bien calé dans un fauteuil club en cuir de buffle, je suis prêt à l'entendre !
– Je vous écoute Monsieur Roques, vous devez tout me dire, absolument tout. Même les petits détails qui vous sembleraient insignifiants. N'oubliez surtout pas deux choses essentielles. Ma déontologie est semblable à celle d'un prêtre à confesse ; je ne suis pas là pour juger, ou pour vous faire la morale, pas plus que pour condamner, mais pour résoudre le problème auquel vous êtes confronté ! Plus j'en saurais, et plus vite il sera résolu...
– Merci Général de Lombre. Durant la guerre, capitaine au 3° RAC, j'étais à la tête d'une section, lorsque nous avons été gazés par l'ennemi. Ça se passait en juillet 1917. Libéré en mars 1919, j'en ai gardé quelques séquelles. Maux de tête, troubles passagers de la vision, mais dans l'ensemble, je ne m'en sortais pas si mal. Il y a quelques mois, j'ai commencé à avoir quelques trous de mémoires, mon travail de haut fonctionnaire en poste au ministère des Finances commençait à en pâtir, et mon médecin me conseilla de consulter un spécialiste, un neurologue. Il me communiqua même une adresse. Le diagnostic de ce dernier a été sans appel, si je ne faisais rien, ces troubles de mémoires allaient malheureusement amplifier. En cause peut-être les gaz, dont moi et mes hommes avions été victimes durant la guerre. Ou peut-être un choc post-traumatique dû à un évènement particulier. Mais d'après ce spécialiste, cette amnésie partielle n'était très certainement pas dégénérative, et pouvait donc se soigner, et je devais absolument prendre les devants. Comment, en entraînant le cerveau à fonctionner et à se souvenir. Pour ce faire, je devais noter tous les souvenirs qui refaisaient surface, sur des cahiers, et je devais les relire très régulièrement. Il m'expliqua comment procéder pour le classement de ces souvenirs, avec quatre cahiers, les souvenirs de mémoires. Le premier « souvenirs d'enfant et d'adolescent », le deuxième « souvenir d'avant-guerre » , le troisième « souvenirs de guerre », et le quatrième « souvenirs d'après-guerre ». Lorsqu'un souvenir refaisait surface, je ne devais pas hésiter à le noter immédiatement, quelle qu'en soit sa nature, même si celui-ci n'était pas un bon souvenir, en choisissant parfaitement le cahier. Je devais mentionner la date, si je parvenais à m'en souvenir. Je ne me posais pas de question, et rapidement le nombre de cahiers devenait conséquent, mais je m'y appliquais et après quelques semaines la situation se stabilisait. Il y a quelques semaines, le lundi 11 octobre, en fin de journée, mon épouse, Valentine de Cossonville me rendait visite à mon travail. Ce n'était pas dans ses habitudes et je compris qu'il s'était passé des choses assez graves. Dans l'après-midi, notre hôtel particulier, rue de la Pompe avait été cambriolé. Notre bonne Juliette, la seule de nos domestiques à se trouver sur les lieux avait été molestée. Transportés à l'hôpital de la Pitié Salpêtrière, bien heureusement ses jours n'étaient pas en danger. Alors que l'hôtel...