Dans cette ville où les gens parlent plutôt le lingala, il faut toujours se méfier des expressions étrangères dont ils truffent régulièrement leurs propos. Un voisin « muzuri », c'est d'abord un parvenu, un nouveau riche, généralement en provenance de l'est du pays. Ne pouvant plus se cacher dans les quartiers huppés de Ma-Campagne, Gombe ou Righini, où, traditionnellement, venait se nicher la bourgeoisie tant politique qu'affairiste du pays, ces nouveaux prédateurs rachètent toutes les parcelles qu'ils trouvent dans les cités populaires et les transforment à coups de dollars en châteaux et buildings de rêve. Grâce à la position surélevée de leurs habitations en étages, certains peuvent contempler sans peine de leur belvédère tout ce qui se passe chez leurs voisins moins fortunés, d'où l'étiquette de « muzuri » dont on les affuble