Il est des géographies qui moulent nos êtres et nous sont correspondance intime. Et des routes courant dans certains paysages qui ouvrent des routes en soi. C'est au Nord que j'ai trouvé ma géographie profonde, celle qui m'entraîne dans une sorte d'état indéfinissable qui ressemble à la joie.

De la mythique route 289, qui relie la Côte-Nord du Québec à la mer du Labrador, jusqu'à la Sibérie orientale, en passant par les îles de l'Atlantique Nord et les alpages de la Haute-Savoie, Monique Durand, grande voyageuse, a traqué le Nord comme on poursuit une idée. Dans une prose somptueusement vivante où souffle la poésie de la liberté, elle nous offre, en un vaste panorama, les multiples déclinaisons de ce Nord mythique qui recouvre tous les Nords de nos vies, ceux que nous habitons comme ceux que la plupart des humains normalement constitués s'efforcent d'éviter.

Le froid, le silence et la lumière sont ses compagnons de route. Mais son parcours est tout sauf solitaire, et bien plus que des espaces désolés, les Nords de Monique Durand constituent le rude et sublime habitat des êtres qu'elle nous fait rencontrer, Innus des confins du Labrador et Yakoutes de Sibérie, trappeurs nord-côtiers et descendants de Vikings des îles Féroé, sans oublier ces femmes estoniennes qui, avec leurs «Frères de la Forêt», nous entraînent sur les traces de la résistance à l'Union soviétique. Car c'est aussi l'histoire de tous ces territoires que fait vibrer et résonner la plume de cette remarquable écrivaine.