Dès cinq heures du matin de ce mardi, retentit le premier coup d'un fusil automatique. Autour du palais présidentiel, situé en bordure de l'océan, tentaient d'avancer à pas mesurés, des hommes en uniforme hyper encagoulés. C'était inhabituel ! Ils portaient des tenues étranges, méconnues du grand public. C'était une nouveauté dans la République de Mangoya, indépendante depuis presque soixante-dix ans. C'était une République dont l'histoire récente était connue du monde entier, du moins de toute la sous-région. Mais jamais de mémoire d'homme, on n'y avait vu ce mode d'habillement. C'était bien une nouveauté dans les grandes commandes de la République. Aux abords de l'artère qui menait au palais et à plu- sieurs autres endroits de la capitale, on apercevait quelques Mangoyais. Les plus avertis parmi eux avaient compris sans doute que quelque chose se tramait ce matin-là ; ils le comprirent à la fois par le mouvement de ces hommes et par le puissant dispositif qui y était dressé. Peu de temps après, retentirent des coups assourdissants d'armes automatiques. Chacun des Mangoyais présents sur les lieux, à sa façon, s'engouffra aussitôt dans son coin pour éviter de « ramasser » bêtement une balle satanique. Ce fut un très grand mouvement; un mouvement si rapide qu'on eût cru que la place de la République, une gigantesque rue bitumée et décorée qui traversait le centre-ville et qui menait jusqu'au palais présidentiel, n'avait jamais connu de présence humaine.