Il ne s'est pas effondré d'un seul coup. Non. Ce fut lent, presque doux, comme une chanson triste qu'on entend sans vraiment l'écouter. Un jour, les saisons ont commencé à se mélanger. L'hiver apportait des bourgeons, l'été crachait de la glace. Les arbres perdaient leurs feuilles sans raison. Les rivières refluaient comme si elles refusaient de nourrir une terre malade.

Puis ce fut les naissances. Les bébés... si étranges. Ils ouvraient les yeux trop tôt. Ils marchaient avant même de parler. Leur regard portait une sagesse dérangeante. Comme s'ils se souvenaient d'un autre monde. D'un monde brisé.

Les anciens parlaient en murmurant. Les animaux fuyaient l'homme sans un cri. Les insectes disparaissaient comme aspirés par le vide. Même le ciel avait changé. Il ne brillait plus. Il pesait. Gris, lourd, menaçant. Et les humains ? Ils continuaient de courir, d'acheter, de parler... comme si tout cela était normal. Comme si la fin du monde ne les concernait pas.