Depuis bientôt vingt ans, la revue Littoral accompagne la découverte d'un espace qu'habite une littérature à la fois ancienne et récente, orale et écrite. En tirant ce fil, Pierre Rouxel et son équipe ont mis en place un espace réflexif qui, depuis quelque temps, s'ouvre sur une foule de nouvelles possibilités dont veut rendre compte le présent numéro. Consacré aux nouvelles écritures nord-côtières, le dossier qui nous a intéressés ici s'inscrit dans une vaste traversée. Il propose une plongée dans les écrits des quinze dernières années, tout en s'ouvrant sur de nouvelles perspectives d'écriture qui incluent les arts visuels et le documentaire. LES NOUVELLES ÉCRITURES NORD-CÔTIÈRES Pour le dossier, Gabrielle Lapierre situe les oeuvres écrites depuis 2010 dans une perspective à la fois quantitative et qualitative. Par une approche statistique et analytique, elle brosse un portrait rendant compte de l'effervescence du territoire pour mettre en récit des histoires qui, avec le recul, insufflent aux représentations traditionnelles un élan nouveau. Le texte qui suit, de Sarah Maloney, est le premier que cette dernière publie avec nous : il porte sur la place qu'occupe le territoire dans sa propre démarche artistique. Entre un espace intériorisé et un espace politique, elle corrobore grâce aux arts visuels ce que l'écriture contribuait à mettre en place. Il suffit de regarder la page couverture du présent numéro pour comprendre que la neige qu'elle met en scène renferme des récits, et que la carte qu'elle crée permet précisément de les faire exister. En rencontrant Noémie Pomerleau-Cloutier, Daniel Chartier a pressenti l'importance de cet échange pour la définition qu'il offre d'une poésie documentaire. Cet entretien ouvre la voie à des réflexions théoriques sur cette pratique poétique bien réelle dans les écritures nord-côtières. Il s'agit très certainement d'un dossier à suivre. Entouré de Nathalie Lapierre, d'Yvonne Mesténapéo, de Vicky Bellefleur et de Laurie Guimond, Benoit Desjardins propose un texte relatif au tournage réalisé autour de la pratique du Chemin du 5e à Natashquan comme lieu d'entraide interculturel. Pour continuer, Eang-Nay Theam poursuit sa réflexion sur l'enseignement au collégial d'oeuvres écrites par des personnes issues des Premiers Peuples. Elle témoigne d'une pratique d'enseignement loin d'être évidente au collège, tout en analysant une situation qui mérite que l'on s'y attarde et que l'on y trouve des solutions. Dans une démarche de décolonisation de l'enseignement, elle pose d'importantes balises pour voir autrement l'analyse de textes et la dissertation. Avec «La Côte-Nord. Un territoire sujet», Marc-Olivier Lavoie s'intéresse quant à lui à la représentation du ter ritoire, de manière à souligner une dialectique entre le chez soi et l'ailleurs, deux concepts qui finissent parfois par se confondre. Collaborateur depuis les premiers instants de Littoral, Claude Rodrigue offre ici le premier volet d'une réflexion sur la place du haïku dans les périodiques nord-côtiers, en portant cette fois son attention sur les textes publiés dans le journal Le Manic de 2005 à 2016. De son côté, Virginie Rouxel signe un texte à propos de la pièce de théâtre Utei. Récit d'un survivant. Elle montre combien la parole et l'espace scénique peuvent contribuer à soulager les blessures de l'arrachement et de l'accul turation infligées par un passage obligé au pensionnat autochtone de Mani-Utenam. Pour Bernard Roy, il était important de rendre hommage à Serge Jauvin, un ami avec qui il a partagé de nombreux moments. Son texte revient sur le magnifique ouvrage que l'anthropologue a fait paraître l'an dernier, Aitnanipan. Pour clore ce dossier, on retrouve un texte de Murielle...