Les partis de gauche sont parvenus en 1981 à conquérir le pouvoir politique dont ils ont longtemps été exclus. Les nouvelles élites qui en sont issues contrôlent dès lors une partie importante des sommets de l'État. Une énarchie de gauche ne remplace pourtant pas, comme on l'affirme trop souvent, une énarchie de droite. Provenant de milieux socio-professionnels très différents, ayant suivi d'autres types d'études et, surtout, étant incomparablement plus liés aux partis politiques, véritables machines de décision, ces élites adhèrent aussi à des valeurs politiques, à des idéologies propres à la gauche. Dans quelle mesure ont-elles adopté du même coup d'autres comportements modifiant le fonctionnement d'un État particulièrement structuré et grâce auquel elles ont pu elles-mêmes, souvent, mener leur propre carrière ? L'événement que constitue la venue au pouvoir de ces nouveaux acteurs parvient-il réellement à transformer la structure, c'est-à-dire la machine étatique si décriée auparavant et qui tend à fonctionner toujours selon sa propre logique ? Qu'ont fait finalement de l'État, de ses structures administratives et économiques servies par leurs hauts fonctionnaires, les élites socialistes ?