Stéphane était ce qu'on appelle un souffre-douleur. Tout était bon pour le persécuter de mille manières possibles, à toute heure et en tout lieu ; au centre aéré et à l'école, au gymnase, à la piscine, dans les rues, dans la vie... Il y avait toutefois un endroit pour lui où le monde se faisait plus doux : le cabanon de la Sauvette. C'était un asile pour animaux que Stéphane avait aménagé en grand secret au fond de son jardin. Dès la tombée du soir, la Sauvette s'animait des conversations tendres d'un petit peuple de tordus, de mochetés, de ratés, qui avaient eu la mauvaise idée de naître de travers.