Il a suffi d'un seul document — exceptionnel, il est vrai — pour accabler et condamner, une fois pour toutes, les Pharisiens : hypocrite, orgueilleux, cupide, tel est le Pharisien de l'Évangile. Mais ce n'est pas celui de l'Histoire : les Pharisiens étaient, spirituellement, les successeurs des prophètes et leurs légataires. L'humilité, la prière, la pratique de la justice et de la charité, l'étude approfondie des textes saints, de même que le travail manuel, formaient les bases de leur règle de vie. Face au Temple, bastion du parti Sadducéen, sacerdotal, aristocratique et conservateur, ils dressent la Synagogue, tout à la fois maison de prière et école, où les rabbis, avec la connaissance des Écritures, dispensent un enseignement progressiste et libéral, une morale sans discrimination sociale ni nationale. « Fous de Dieu », les Pharisiens rêvaient d'instaurer, sur Terre, le Royaume de Dieu, à travers un idéal messianique de fraternité universelle et de paix... D'importants travaux historiques ont, au cours des cinquante dernières années, permis de dégager la figure réelle du Pharisien. Claude Gruber-Magitot, s'appuyant sur ces recherches, rouvre le dossier. Son livre apparaît ainsi comme un véritable « procès en réhabilitation » des Pharisiens.