L'une des activités favorites de Con, c'était la lecture. Mais s'il touchait à quantité d'ouvrages, tout ce qui lui tombait sous la main, il était rare qu'il fût saisi par une histoire, ou un article, ou un écrit quelconque, au point d'en suivre le développement selon la volonté de l'auteur. Le plus souvent, il commençait par la fin, remontant le cours, picorant çà et là quelque phrase ou morceau de phrase, qui le satisfît. Ce qui le ravissait c'était la musique la plus enfantine, sans souci du propos. À l'usage, il avait constaté que les musiques les plus savoureuses, émanaient des phrases les plus dénuées de prétention, surtout celles prodigues en répétitions d'aspect maladroit. Non qu'il en fût bouleversé, mais tout de même remué au point que, parfois, ça lui donnait l'envie de, d'en faire autant, non pas autant, mais d'aligner lui aussi quelques bribes, sans projet ni prétention, d'exercer ce pouvoir qui n'était pas en réalité un pouvoir. Et ces essais ne présentaient aucun intérêt naturellement, en définitive, ce n'étaient que de petites fleurs monstrueuses ou niaises mort-nées, et alors tous ces petits papiers traînaient, se perdaient.