Qui craint la visite de l'inspecteur ? Les élèves, peut-être, à qui l'on fait croire qu'il vient pour eux. Pas les instituteurs, tout de même ! Ils ont la conscience professionnelle, donc tranquille... Or, la lecture de plus d'une trentaine d'ouvrages écrits, du XIXe siècle à nos jours, par des instituteurs ou proches d'instituteurs, révèle une image inspectorale menaçante et stéréotypée que ne laissait pas transparaître l'étude historique de la fonction. Pourquoi cette réaction de défense, pourquoi ce bouclier de stéréotypes ? L'inspecteur des écoles primaires de l'époque de Guizot comme l'IDEN d'aujourd'hui, en exécutant ce que la société leur demande : contrôler l'application des instructions officielles, réveillent en l'instituteur l'insupportable menace d'une infantilisation. Qui ne craindrait alors la visite de cet inspecteur revêtu de l'image paternelle ? Laure Gillig-Amoros, longtemps institutrice et maître-formateur auprès de l'Ecole normale de Strasbourg, est actuellement conseillère pédagogique en Arts plastiques.