1959 : au Mozambique Nord, en pays makondé. Un village brûlé, un soldat portugais fatigué du massacre, un enfant survivant dont les cheveux deviennent gris, le regard immobile. Le soldat s'en va, oubliant sa veste et sa machette, mais emportant le Mapiko, le masque des ancêtres. Vingt-cinq ans plus tard, cet enfant pensif est devenu Zak, traqueur implacable et patient, poursuivant à travers le monde Joao Pérès, le voleur du masque. Sculpteur de génie, conteur malicieux, tatoué de la tête aux pieds des malheurs parcourus, machette en bandoulière et taillant dans l'homme autant que dans le bois, Zak chante à voix rauque Afrique et Brésil, savanes et ghettos. C'est rue Saint-Denis que le narrateur, qui prendra le nom de Njati, petit buffle, fait sa connaissance en compagnie d'Agathe, prostituée guadeloupéenne rêvant son enfance et son île. Mais les trafiquants d'ébène sont à l'affût : courtiers d'art africain, rabatteurs, souteneurs et chasseurs de primes. Commence alors une cavale qui va les conduire, de bagarres nocturnes en navigations lentes, blues et samba sous les outils, mémoire créole, rythmes de la pierre et du bois, dans une vadrouille enchantée où Njati, jeune universitaire hanté par l'Afrique, s'initie à l'amour et au monde. En contrepoint se réinvente, par la mémoire de Zak et les rêves de Njati, la fabuleuse histoire d'Azekwassa, esclave flamboyante au Brésil du XVIIIe siècle, impitoyable révoltée qui sauve son Afrique en faisant des enfants ; fait fortune et mène sa guerre contre les négriers de tous les océans.