Le travail photographique de Claude Paret nous invite à une relecture attentive de la ville. L'arrêt sur image attise notre curiosité. Le regard pénétrant du photographe nous permet de redécouvrir, souvent avec un étonnement émerveillé, des décors estompés par notre quotidien. Une pile de pont servant d'embarcadère aux mouettes, la silhouette de la passerelle dans la brume, les modénatures ocre de la cathédrale aux airs de plissements jurassiques, le détail d'un encadrement de porte, le frais murmure d'une fontaine, la palette mordorée des façades au couchant, sont autant d'instants privilégiés. Le soleil, qui transfigure la ville et nous rappelle la Méditerranée, tient une place très importante ; la diversité de nos ciels contribue à la richesse de nos paysages. De l'éclosion printanière, à l'engourdissement de la ville sous la neige, des vues panoramiques au détail macrophotographique, Claude Paret nous donne une leçon de beauté et d'attention au monde, sans exclusive, avec la sérénité du promeneur qui prend son temps. « Vienne est une ville qu'il faut regarder le nez en l'air », se plaît-il à dire. D'où cette agréable impression de musarder avec un ami. Dans ce livre, il n'y a pas de parti pris systématique, de quadrillage pointilleux, d'affirmation assénée ; c'est, au contraire, au hasard des rencontres, des changements de saison et de lumière, que se construit un portrait chaleureux et inspiré d'une ville, somme toute, unique.