Quand un Gascon, abreuvé des eaux de la Garonne, devient missionnaire en Chine, il apporte - à la gravité de son apostolat - la faconde de l'humour d'un méridional bon vivant. Curieux apostolat, d'ailleurs. Au moment où le père Huc arrive à Macao, la Chine est interdite aux Missionnaires. Il faut s'y introduire clandestinement, et le brave Évariste doit se déguiser en Chinois, jusqu'à la natte. À la fin d'une longue pérégrination, il arrive à Xiwanzi, au nord de Pékin, repart trois ans plus tard, en traversant la Tartarie jusqu'au Lac Bleu, où il se transforme en Mongol. Il décide alors d'aller jusqu'à Lhassa, où il espère enfin, devenu "Lama de Jéhovah", commencer son œuvre d'évangélisation. Hélas ! Il est expulsé de Lhassa au bout d'un mois, après avoir à demi converti... un Tibétain, et reconduit sous bonne escorte à Macao. Deux ans encore dans la région de Shanghai, et c'est la fin du rêve de mission du père Huc. Il rentre en France, publie ses récits de voyages, fréquente le beau monde et les salons de l'Empereur, se voit décerner la Légion d'honneur et meurt, usé, à 46 ans, oublié et misérable. Jacqueline Thevenet, qui a retrouvé une très abondante correspondance d'Évariste Huc, a su conter cette rocambolesque histoire avec la verve et l'humour qui conviennent à son héros.