Pour qui s'intéresse à la vie quotidienne d'autrefois, il n'est guère de document - aussi riche et aussi émouvant - que l'inventaire après décès, un acte somme toute banal, réalisé pour protéger les intérêts des enfants mineurs au décès de l'un de leurs parents, situation relativement fréquente en ces époques de forte mortalité. La liste de tout ce qui se trouvait alors dans la maison : meubles, vaisselle et ustensiles de cuisine, linge et vêtements, livres et papiers, bétail et outils, réserves agricoles et alimentaires, permet une extraordinaire approche du cadre de vie et des gestes du quotidien : façon de se nourrir, de se vêtir, de travailler, de se distraire. Éclairage en profondeur des rouages d'une société, dans son unité et ses contrastes, dans ses pesanteurs et ses capacités à évoluer. À partir de ces inventaires, Françoise Waro-Desjardins a tenté de dresser un tableau de ce qu'était la vie dans la campagne vexinoise, tiraillée entre Paris et la Normandie, pendant le demi-siècle qui précède la Révolution. Une approche inédite, passionnante et passionnée, du passé d'une région en pleine mutation.