Comme le corps, le monde est un creuset des « éléments », dont le poète dresse la table, ou invente la fable. L'eau, l'air, la terre et le feu, de même que le sexe ou les gestes, le règne animal et végétal, ne sont pas seulement les symboles de cette chimie personnelle : matière du langage, ils se fondent en lui et à leur tour le fondent. Éléments d'une autobiographie, que décompose dans son spectre la lumière du quotidien, celle des mots et des choses, pour devenir autre mémoire. Le poème est alors, lui-même, ce corps qui, sans fin, se reconstruit, de l'élémentaire au complexe, architecture de tous les sens, « table d'écoute » de la vie. En prenant, pour contrepoint musical, la « Sonate pour deux pianos et percussion » de Béla Bartók, Charles Dobzynski a ordonné - en polyphonie - cette lecture du monde, la cosmogonie qui l'habite et qu'il recrée, objet d'un inépuisable déchiffrement.