Nous vivons dans une société construite sur l'information, affamée de transparence et pourtant obsédée par le secret... L'harmonie de ce couple destructeur est problématique. Elle survit par le blocage de ce qui paraît si naturel à l'information : sa circulation. Le secret, c'est la connaissance retenue, gardée sous cloche. Cette occultation s'oppose exactement à l'information sur le marché dont nul n'est titulaire et dont chacun peut profiter. Le secret est donc profondément antiéconomique et ne concerne que les valeurs dotées d'une même récalcitrance, celles du corps, des âmes, de l'État, etc. Dès lors, qui sera le gardien de ce bien de valeur, objet de convoitises, dont nul ne peut plus disposer ? Forcément un professionnel. Il a la puissance technique d'acquérir l'information – le médecin qui ausculte, le comptable qui contrôle. Il a la vertu morale de recueillir l'information – le prêtre qui confesse, l'avocat qui conseille, le psychiatre qui lit les âmes. Il a le pouvoir d'arracher le secret – le juge qui instruit, le ministre qui consulte les archives. Il apparaît comme le maître des secrets mais n'en est que le serviteur. Le professionnel a la gloire de servir les secrets des humains ; il reçoit en reflet leur grandeur. Avec Guy Bedouelle, Jean-François Burgelin, Monique Canto-Sperber, André Damien, Bernard Glorion, Bernard Hœrni, Didier Kling, Pierre Lacoste, Didier Lauras, Henri Leclerc. Cet ouvrage a été dirigé par Marie-Anne Frison-Roche.