Malade du chômage, notre société met en marge un nombre considérable de personnes (les statistiques officielles en reconnaissent près de trois millions), dont elle ne peut se désintéresser totalement, ne serait-ce que pour des raisons de paix sociale. Divers outils ont été mis en place pour traiter ce problème ; certains constituent un palliatif à l'absence de revenu : allocation spécifique de solidarité, revenu minimum d'insertion..., d'autres visent à l'insertion/réinsertion des personnes : c'est là qu'intervient la formation. Cet ouvrage interroge la pertinence de la réponse formation ; telle qu'elle est classiquement proposée au public de bas niveau, ou exclu. La pratique quotidienne de son auteur lui a permis de constater le peu d'engouement de cette catégorie de citoyens à troquer un problématique « emploi contre un stage », qui serait souvent un stage de plus. L'acquisition de savoirs et de savoir-faire est, la plupart du temps, un passage obligé pour conquérir ce que tant convoitent : un travail. Obnubilés par cette perspective ultime et combien alléchante, persuadés - d'autre part - de leur incapacité définitive à apprendre quoi que ce soit, comme de l'inanité de tout apprentissage de type scolaire, ils ne condescendent à s'inscrire dans la démarche, que pour échapper à la radiation ou toucher le salaire afférent. Utiliser la situation d'emploi pour motiver ces personnes, c'est accompagner leur désir d'être d'abord reconnues comme citoyens à part entière - au travers d'un rôle socialement valorisant -, mais c'est aussi se doter d'outils autorisant des apports théoriques, certes limités, mais suffisants pour l'exercice normal d'un métier. Les résultats obtenus par cette méthode, dans des contextes divers, semblent, en tout cas, conforter cette approche.