C'est le film d'une vie adolescente qui nous est projeté ici : des souvenirs d'Algérie, d'un amour resté en métropole, des bords de Loire, un non permanent, inlassable, adressé aux tueries permises par la France, ou perpétrées par d'autres, comme au Chili. L'auteur, comme désorienté par sa propre identité, qui lui échappe encore un peu, tient debout par cette générosité, ce regard sur l'autre humilité. La complainte du malheur sera parallèle à la complainte d'un amour détruit, que la mémoire ranime à son gré. Une musicalité souple, ardente, une verve et une humanité têtue font d'« À bouche clouée » un recueil qui vibre et donne courage, au-delà de tout désarroi.