Idées reçues et mystificatrices : il est inexact qu'un effort de recherche fondamentale soit indispensable au développement ; inexact que la technologie la plus avancée réponde aux besoins de la plupart des pays en développement ; inexact que la révolution de l'information soit un raccourci pour rendre l'ensemble de l'économie plus productive ; inexact que la priorité donnée à l'industrialisation soit la voie royale qui permette de relever les défis du développement. La vérité est qu'il n'y a pas de raccourci : le recours à la science et à la technologie est (éventuellement) un moyen d'accélérer le processus de modernisation dans un secteur isolé du reste de la société, il ne dispense aucune société d'affronter dans la durée toutes les conditions qui restent à remplir pour sortir du sous-développement. [...] Si l'écrivain public et l'ordinateur coexistent toujours dans notre pays, à plus forte raison vont-ils cohabiter pendant longtemps encore dans les tiers mondes : le raccourci du développement, ce n'est jamais la science et la technologie en tant que telles, mais le développement lui-même. André Lebeau et Jean-Jacques Salomon