Ce livre est à la fois un témoignage — très informé — et une réflexion sur les causes profondes de la défaite de 1940. Jean Daridan a bien connu, durant l'avant-guerre, le personnel politique français et tchécoslovaque ; diplomate, il a été en poste à Rome et à Prague ; durant les hostilités, il a appartenu au Cabinet Daladier. Il retrace ici l'imbrication quasi fatale des événements qui vont de la première crise tchécoslovaque au désastre de 40, en essayant de préciser les mobiles qui déterminèrent les détenteurs du pouvoir. Parlant de la défaite, on incrimine généralement le fonctionnement défectueux des institutions, les contradictions et l'indécision des hommes politiques, la carence des exécutants. Dans un pays démocratique, dit l'auteur, le gouvernement et l'administration ne sont, en définitive, que le reflet de la nation tout entière. Or, entre les deux guerres mondiales, le désir principal de la majorité des Français a été d'éviter à tout prix le retour des épreuves supportées par le pays de 1914 à 1918. Le patriotisme de la plupart des gouvernants, la clairvoyance de certains d'entre eux n'ont pas pu prévaloir contre cette obsession. Un livre important pour servir à l'Histoire, et une méditation nécessaire.