Sur la carte, tous les hommes du commando fixent le tracé du Jourdain. Le capitaine pose son gros index sur un point : — Ici, dit-il, passe la route qui mène de Damas à Amman. Ici passe également la voie ferrée... L'index écrase un point minuscule : — Sitôt atterri en territoire jordanien, nous devrons nous réfugier ici... Des ruines portant le nom de Oasr el Hayaât, le château des serpents... Nous devrons y attendre l'ordre, par radio, de saboter la voie ferrée... Pour les hommes de Meir, l'attente sera longue. Plus longue encore pour Dvorah Neumann, la doctoresse affectée au commando. Car il lui faudra d'abord se faire admettre par ses compagnons, peu convaincus de l'utilité d'une femme dans leur guerre. Il lui faudra aussi vaincre sa peur, sa fatigue, soigner les blessés, réconforter les malades et lutter contre les serpents qui grouillent dans les ruines du château. Autour du petit groupe, des Bédouins rôdent, des patrouilles jordaniennes surgissent. Et, tandis que la radio d'Israël lance inlassablement des bulletins de victoire, les hommes du commando Meir attendent que leur heure soit venue... L'heure de la victoire ou celle de la mort.