« Le tango est terminé. Chaplin me retient dans ses bras et m'attire à lui avec précaution, mais j'ai détourné la tête et son baiser effleure ma joue... [...] Puis il me questionne, comme s'il était jaloux de toute ma vie antérieure. Entre deux questions il s'interrompt souvent et me demande : — M'aimez-vous un peu, dites-moi... un tout petit peu... vous êtes si charmante, oh, ce sourire... Mais laissez-moi donc vos mains. Avez-vous peur, petite fille ? Est-ce vrai que vous avez dix-huit ans ? Savez-vous, autrefois, j'ai toujours cru que je n'aimerais que des enfants pour ainsi dire. Mes deux femmes étaient encore des petites filles lorsque je les ai épousées. Mais maintenant je crains toujours d'être trop vieux et cela me fait perdre mon assurance. » Claire Goll nous livre ici la traduction des souvenirs intimes de la très jeune May Reeves, rencontrée par Chaplin au crépuscule de sa vie.