Respirer sans bruit investit le souffle défaillant d'un corps frappé par la maladie. À mesure que la chair devient le théâtre de la douleur à travers une succession de chocs et de sursauts rythmant le cœur entêté de la métaphore, les poèmes instaurent une syntaxe de l'effondrement, mais aussi de la résilience propre à tous ceux et celles qu'un mal foudroie. Journal d'une maladie qui «[se] cache derrière une idée », le recueil fait le décompte des cicatrices à la recherche d'un lien, s'efforçant d'attacher un sens à la souffrance, les mots se faisant tour à tour « signes », « symptômes » et « traces » d'une lutte obligée contre la mort et ses chimères. Avec une émouvante lucidité, Éric Gougeon établit un dialogue tortueux avec l'affection qui le ronge révélant tout ce qui, dans l'épreuve, relève d'une traversée.