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La technologie, entendue comme la discipline qui étudie les techniques, prend son essor au XXe siècle, grâce notamment à l'apport décisif d'André Leroi-Gourhan. Son œuvre foisonnante atteste d'une certaine « indiscipline » dans ses approches et ses thématiques. Aux côtés de ses démarches expérimentales et documentaires, il s'entoure de mots-clefs et de concepts tels la « tendance », l'« élan vital » ou la « libération ». Dans un premier temps, Leroi-Gourhan s'investit dans l'étude des « civilisations matérielles », fondée sur les objets, sous l'influence de Marcel Mauss et de Paul Rivet. Une inflexion décisive est donnée à sa pensée par L'Évolution créatrice d'Henri Bergson, et notamment par la figure de l'Homo faber, qui dominera désormais sa pensée technologique. Initialement conçu comme l'élément premier ou primitif d'une dyade paléontologique, l'Homo faber va gagner d'importance dès 1950, lorsque Leroi-Gourhan s'engage à « suivre les gestes, éclat par éclat » pour reconstruire la structure mentale des tailleurs de pierre du paléolithique. Le rapprochement qu'il opère alors entre la technicité humaine, la psychologie comparée et la biologie le mène aux notions de « comportement technique » et de « chaîne opératoire ». Fort de ses acquis scientifiques et de ses inspirations spirituelles, il conjecture une « continuité incrémentale » qui s'étend des premiers Australopithèques jusqu'à l'artisan Homo faber d'aujourd'hui, rapprochant ainsi la nostalgie du passé à la rédemption de l'avenir.