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La mort, le 3 octobre 1929, de Gustav Stresemann, ministre des Affaires étrangères de la république de Weimar, est ressentie par nombre de contemporains comme une catastrophe pour la sécurité de l'Europe. Cet ancien monarchiste, souvent considéré comme un pur opportuniste et un nationaliste caché, était devenu le symbole du régime républicain et d'une Europe de paix, celle de Locarno, qui succomberont bientôt aux assauts du nazisme. Christian Baechler, éminent spécialiste de l'Allemagne, revient ici sur le destin contrasté, parfois contradictoire du personnage. Malgré un décès précoce, Stresemann a été étroitement mêlé, pendant plus de 25 ans, à la vie politique, économique et sociale de l'Allemagne. Il a été syndic d'organisations patronales dès l'âge de 22 ans, député au Reichstag à 28 ans, chef d'un des principaux partis à 39 ans, chancelier et ministre des Affaires étrangères à 45 ans. Brillant orateur, il a aussi été un publiciste très actif, publiant sous son nom ou sous divers pseudonymes. Bref, cette vie allemande au cœur du chaos et du fracas politique nous en apprend autant sur l'homme que sur le pays qu'il a servi. Une nation en colère contre un traité de Versailles qu'elle trouve injuste, séduite par les sirènes d'un populisme meurtrier, éprouvée par une crise économique. En filigrane de cette histoire se dessine celle du libéralisme contre l'autoritarisme. Histoire qui rappelle par bien des aspects la situation délicate où se trouvent nos propres régimes politiques.