Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?
Jusqu'ici Toine a vécu préservé. Trônant sur le marbre de la cheminée avec Gus, son jumeau, ce vase de Limoges des années trente a toujours été traité avec égards par sa propriétaire. Mais à sa mort, voilà les deux frères séparés par le partage entre héritiers. Commence alors une suite d'aventures cocasses et pathétiques...
Un conte philosophique sur notre destin dans la société de consommation.
EXTRAIT
Tout commença avec la mort de Mme Blache à l'aube des années soixante. Oubliant les privations et les difficultés de la guerre, la France s'engageait dans une ère nouvelle de production et de consommation. Nous vivions jusque-là, mon frère et moi, dans une quiétude proche de l'ennui, nous livrant aux seuls plaisirs narcissiques de la contemplation puisque, en vases de Limoges qui se respectent, nous avions droit au marbre de la cheminée que surmontait une magnifique glace biseautée. Nous ne songions pas à nous en plaindre. Mme Blache était une personne de qualité qui avait d'excellents rapports avec les objets. Du temps où elle était encore valide, elle n'en heurta jamais un seul. Et, quand elle dut garder la chambre, elle veilla à s'entourer d'aides aussi bien disposées à leur égard qu'elle l'avait toujours été. De sorte que, durant trente ans, nous bénéficiâmes d'un régime de faveur, préservés des grands bouleversements de l'Histoire et abrités des insultes, des brutalités ou tout simplement de la désinvolture des hommes dont avaient souffert plusieurs de nos camarades et dont ils nous faisaient régulièrement le récit.
CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE
Livre très touchant. Une fois que vous l'aurez lu, vous ne regarderez plus jamais les objets qui vous entourent de la même façon. - Corinne, Babelio
À PROPOS DE L'AUTEUR
Alain Leblanc est né à Paris en 1951. Fils unique d'une mère célibataire, il découvre l'univers des livres, dès l'âge de onze ans. Les personnages de roman deviendront ses compagnons de jeu, et les écrivains ses pères de substitution. Ce sont eux qui l'initieront à la complexité des sentiments et de l'existence.
En 1973, à vingt-deux ans, il choisit le journalisme et fait ses débuts à Combat dans la rubrique spectacle.
En 1983, il entre à Paris-Match où il met à l'honneur les grands écrivains, dont Alberto Moravia, Henri Troyat, Hervé Bazin, Anthony Burgess, Graham Greene..., mais aussi des figures comme Léo Ferré, Peter Brook, Eugène Ionesco, Henri Verneuil, Philippe Noiret ou Michel Audiard, auxquelles il consacre des interviews remarquées.
Couronné à vingt-cinq ans par le prix de la Vocation pour son premier roman Une fille pour l'hiver (Flammarion), il se consacre à l'écriture en marge de ses activités de journaliste. Suivront de nombreux romans dont plusieurs seront adaptés au cinéma et à la télévision.