Lettres angloises, Volume 2

ebook

By Samuel Richardson

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Miss Clarisse Harlove, à Miss Howe.
il s'est passé une scène fort vive, ou plutôt une vraie scène d'injures entre ma soeur et moi.
Auriez-vous cru, ma chère, que je fusse capable de dire des injures ?
Elle m'a été envoyée sur le refus que j'ai fait de voir M Solmes. C'est une furie, je pense, qu'on a lâchée sur moi. Idées de paix et de conciliation, vaine espérance dont je m'étois flattée ! Je vois bien que, du consentement de tout le monde, je serai abandonnée à elle et à mon frère.
Dans tout ce qu'elle a dit contre moi, je veux rendre justice à ce qui a quelque apparence de force. Comme je ne demande votre jugement que sur des faits, ma cause seroit fort suspecte à mes propres yeux, si je m'efforçois de tromper mon juge.
Elle a commencé par me représenter à quel danger j'étois exposée, si mon père étoit monté à ma chambre, comme il y étoit résolu. Je devois entr'autres, des remercîmens à M Solmes, qui l'en avoit empêché. Elle a fait tomber quelques réflexions malignes sur Madame Norton, qu'elle soupçonne de m'avoir encouragée dans mon opiniâtreté. Elle a tourné en ridicule mon estime supposée pour Lovelace. Sa surprise étoit extrême de voir la spirituelle, la prudente, et même la pieuse Clarisse Harlove, si passionnée pour un infame débauché, que ses parens se trouvoient obligés de la tenir enfermée, pour l'empêcher de courir entre les bras de cet indigne amant. Que je vous demande, ma chère, m'a-t-elle dit, quel ordre vous mettez à présent dans la disposition de votre tems ; combien d'heures, dans les vingt-quatre, vous donnez à votre aiguille, combien à vos exercices de piété, combien à vos correspondances de lettres, et combien à vos amours. Je me doute, je me doute, ma chère petite, que ce dernier article, semblable à la verge d'Aaron, absorbe tout le reste. Parlez ; n'est-ce pas la vérité ?

Lettres angloises, Volume 2